Mazars, passeur de talents
Pour Laurent Choain, il y a deux promesses chez Mazars : “on fera de vous des grands professionnels” et “vous aurez des amis pour la vie”. Le constat, c’est qu’une grande partie des “Mazariens” reste une dizaine d’année chez Mazars et va faire carrière ailleurs. L’objectif de l’entreprise est donc de former au mieux ses jeunes talents pour qu’ils imprègnent d’une culture positive leurs futures entreprises.
“On est à la proue d’un bateau mais on prend tous les embruns” explique Laurent Choain. L’entreprise embauche des jeunes diplômés qui ont de nouvelles attentes dans leur vie professionnelle :
- Une nouvelle conception du travail : épanouissement personnel et quête de sens
- Le besoin d’évoluer régulière
- L’importance des valeurs de l’entreprise
Alors pour attirer les talents, Mazars développe un management unique : le leadership par la gentillesse et l’amitié professionnelle.
L’humain au coeur de l’entreprise
“On doit passer d’un management transactionnel (efficace pendant 60 ans) à relationnel” explique Laurent Choain. Chez Mazars, il développe le leadership par la gentillesse : “Je crois en trois valeurs fondamentales en entreprise qui ont guidé ma vie. Mais elles ne sont pas populaires dans le leadership des boites : gratuité, gentillesse et générosité”.
Ainsi l’entreprise est un lieu de rencontres et d’apprentissage qui révèle et élève les collaborateurs. Pour Laurent Choain, savoir que les jeunes diplômés ne sont que de passage chez Mazars, les incite à être exemplaire dans le leadership et a créer des liens. C’est ce qu’il appelle “l’amitié professionnelle” : un concept qui vient de l’armée de terre.
Comment faire pour que les gens ne reculent pas ? Ca ne se crée pas sous la mitraille. C’est dans le calme del a vie de garnison que tu vas créer ça. Qu’est-ce que c’est que l’amitié professionnelle ? Eux parlent d’obéissance d’amitié : pas ordre, je choisis d’obéir à un ami.
“Dans le manuel de formation de l’armée de terre, ils se demandent comment faire pour que le soldat ne recule pas devant le danger. C’est l’attachement à un ami, “celui qui m’aide dans mon développement”, celui pour qui on ne veut pas abandonner”.
Chez Mazars, cette notion d’amitié professionnelle se traduit par des auto-évaluations et du coaching par les pairs, ainsi que par du feedback positif : “on leur demande de dire ‘bravo’, ‘merci’, et valoriser les autres partners”. C’est ainsi que se fonde le terreau idéal pour une amitié professionnelle sincère, “et après ce sont des amis pour la vie” explique Laurent Choain.
Le multisalariat : l’écosystème du salarié
Laurent Choain est toujours à l’affut de nouvelles innovations managériales. Avez-vous déjà entendu parler de cette nouvelle tendance qui bouscule notre vision du travail : le slashing ? Le terme vient de l’anglais “slash” qui désigne la barre oblique utilisée pour séparer deux métiers que l’on exerce simultanément. 4,5 millions de Français (16% des actifs) sont des “slasheurs” selon une étude du Salon des micro-entreprises menée en 2015. En français, on peut simplement parler de multisalariat, et selon Laurent Choain, ça n’a rien de nouveau.
Laurent Choain en a attendu parler par Charles Handy dans les années 80. L’auteur de L’âge des paradoxes explique que l’entreprise “c’est plus que des salariés de la boîte”. Chez Mazars, “nous sous-traitons l’accueil par exemple, et une grande partie de nos équipes est chez nos clients”. Les sous-traitants, contractuels, indépendants, intérimaires… sont autant de groupes variés qui font de l’entreprise un écosystème.
Comme les entreprises, les salariés pourraient fonctionner en écosystème et développer un porte-feuille d’activités. Laurent Choain lui-même a eu “entre deux et quatre employeurs (entre 1990 et 2005)”. Il défend une société de multi employeurs. Ainsi chez Mazars, “Mathilde De Coze (DRH) a enlevé des contrats de travail la clause d’exclusivité. L’idée c’est aussi de se dire, ils vont rester que chez nous parce qu’ils en ont envie”.